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LES OISEAUX DE PROIE

six heures, dit-il en quittant le capitaine. Les deux jeunes filles feront de la musique. Elles ont beaucoup de talent, dit-on. Pour ma part, je l’avoue, je n’y connais rien. »

Paget accepta l’invitation avec la même grâce qu’elle lui avait été faite. Ces espèces d’hommes ont à se lier une facilité tout à fait extraordinaire. Imaginez, si vous voulez, les tigres du Bengale se serrant la patte dans les jungles, les loups se faisant des amabilités dans une clairière, sur la carcasse d’un pauvre agneau ; les âpres éperviers se frottant le bec, doux baiser ! après avoir mis à sac un nid de colombes innocentes, et vous aurez quelque idée de nos deux personnages.

« Ainsi, nous vous attendons à six heures précises, dit Sheldon, avec votre jeune ami, M. Haukehurst, cela va sans dire. »

Les deux gentlemen se retirèrent. Valentin donna une poignée de main à Diana et salua gravement Charlotte. George jeta sa queue mâchée de géranium pour dire bonsoir aux visiteurs, puis il les reconduisit jusqu’à la porte du jardin.

« Ce Sheldon paraît un très-habile homme, dit le capitaine à Valentin pendant qu’ils se dirigeaient vers les jardins de Kensington qu’ils avaient à traverser pour se rendre à Chelsea, où le capitaine avait trouvé un logement possible. Je serais curieux de savoir s’il a quelque lien de parenté avec ce Sheldon qui est en rapport avec des prêteurs d’argent.

— Comment, avec le Sheldon de Gray’s Inn ? répondit Haukehurst. Il nous sera facile de nous en assurer. »

À partir de cette soirée, Paget et Valentin vinrent