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LES OISEAUX DE PROIE

fatiguée de sa promenade solitaire dans les allées de la colline, où la brise d’été lui apportait les sons harmonieux d’un orchestre placé dans la vallée. La solitude avait calmé la fièvre de ses pensées, et assise dans une sorte de petite niche gothique, située au sommet de la montée, elle considérait d’un air pensif les lumières qui commençaient à apparaître au milieu du brouillard du soir.

« Ici, on n’a pas à rougir de la pauvreté du costume que l’on porte ; les arbres sont tous mis de la même façon. La nature ne fait pas de distinction. Il n’y a que le Destin qui ait le courage de maltraiter ses enfants. »

L’obscurité devenait plus épaisse, la fille du capitaine revint lentement vers la petite ville. Le logement occupé par Horatio, Diana et Valentin, se composait de quatre chambres spacieuses, situées au second étage d’une grande maison isolée. Les chambres étaient maigrement meublées ; mais il y avait de larges fenêtres et un balcon en fer sur lequel Diana aimait souvent à s’asseoir. Elle trouva vide et sans lumière la salle dans laquelle on se réunissait ordinairement. Il n’avait été fait aucuns préparatifs pour le dîner ; car les jours où la chance les avait favorisés, le capitaine et son protégé avaient l’habitude de dîner dans l’un des hôtels de la ville ; dans les jours malheureux, il leur arrivait de ne pas dîner du tout. Diana trouva dans un vieux buffet, très-fréquenté par les souris, un morceau de pain et un reste de fromage à la crème, et après ce frugal repas, elle alla s’asseoir sur le balcon d’où elle dominait la petite ville qui, toute éclairée, étincelait.

Il y avait près d’une heure qu’elle était assise immobile, dans la même attitude, lorsque la porte s’ouvrit. Un pas se fit entendre derrière elle. Elle reconnut ce pas,