Luke Marks tendit sa main gauche (la droite avait été brûlée et était entourée de linges), et il serra faiblement celle de Robert.
Le jeune homme répondit cordialement à cette étreinte.
« Je n’ai pas besoin de remercîments, Luke Marks, dit-il ; je vous ai rendu ce service avec plaisir. »
Marks ne répondit pas tout de suite. Il était couché tranquillement sur le flanc et regardait Robert.
« Vous aimiez bien la personne qui disparut à Audley, n’est-ce pas, monsieur ? » demanda-t-il enfin.
Robert tressaillit en entendant parler de son ami mort.
« Vous l’aimiez beaucoup ce M. Talboys, m’a-t-on dit ? répéta Luke.
— Oui, oui, c’était un de mes bons amis, répondit Robert avec un peu d’impatience.
— J’ai entendu raconter aux domestiques du château l’effet que produisit sur vous l’annonce de sa disparition, et le maître de l’auberge du Soleil disait que vous n’auriez pas été plus inquiet si c’eût été votre frère.
— Oui, oui, je sais… je sais… dit Robert ; mais ne parlez plus de cela, je ne puis vous dire combien ce sujet m’est pénible. »
L’esprit de son ami sans sépulture devait-il le hanter à tout jamais ?… Il venait rendre visite à un mourant, et même là il était poursuivi par cette ombre agitée et tout lui rappelait le crime qui avait troublé sa vie.
« Écoutez-moi, Marks, dit-il sérieusement, j’apprécie toute votre gratitude, et je suis très-content du service que je vous ai rendu. Mais avant d’en dire plus long, laissez-moi vous faire une demande solennelle. Si vous m’avez fait venir pour me révéler le secret de la disparition de mon ami, ne vous donnez pas cette