M. Audley ne lui répondit pas. Il n’avait pas bougé de la portière pendant qu’elle lui parlait. Il l’aida tranquillement à descendre de voiture, lui fit gravir quelques marches et la conduisit dans le vestibule de la maison. Il tendit la lettre du docteur Mosgrave à une femme entre deux âges et très-proprement vêtue, qui sortit d’une petite chambre donnant sur le vestibule et ayant quelque ressemblance avec le bureau d’un hôtel. Cette femme adressa un sourire à Robert et à lady Audley ; et après avoir remis la lettre à un domestique, elle les invita à entrer dans son agréable petite chambre qui était assez bien meublée et chauffée par un poêle microscopique.
« Madame est-elle fatiguée ? » demanda la Française avec un air de grande sympathie et en avançant un fauteuil à milady.
Madame haussa les épaules et parcourut l’appartement d’un regard observateur qui n’indiquait pas une très-vive satisfaction.
« Quelle est cette maison, Robert Audley ?… s’écria-t-elle avec fureur. Me prenez-vous pour une enfant que vous vous jouez ainsi de moi et que vous me trompez de la sorte ?… Quelle est cette maison ?… Est-ce ce que j’ai dit tout à l’heure ?… Parlez…
— C’est une maison de santé, milady, et je ne cherche pas à vous tromper, » dit le jeune homme gravement.
Milady réfléchit un moment en regardant Robert.
« Une maison de santé… répéta-t-elle. Oui, en France cela s’appelle ainsi, mais en Angleterre c’est une maison de fous. N’est-ce pas, madame, que c’est une maison de fous ? dit-elle en français en se retournant vers la femme et en tapant du pied sur le plancher.
— Ah ! mais non, madame, répondit-elle en protestant avec un cri aigu, c’est une maison d’agrément très-convenable où l’on peut s’amuser… »