côté du boulevard, il y avait des maisons entre cour et jardin, dont les grandes portes cochères étaient surmontées de vases blancs renfermant des géraniums. La voiture roula pendant trois quarts de mille environ sur ce boulevard sablé, et vint s’arrêter devant une porte cochère encore plus grande et plus massive que toutes celles qu’ils avaient dépassées.
Milady poussa un petit cri en regardant par la portière. Une énorme lampe brillait au-dessus de cette porte cochère et le vent de mars en faisait vaciller la flamme en pénétrant sous le verre.
Le cocher sonna et une petite porte en bois à côté de la grande fut ouverte par un homme à cheveux gris, qui jeta un coup d’œil sur la voiture et se retira. Il reparut trois minutes après derrière les montants doublés de fer qu’il avait écartés, et qui laissèrent apercevoir une cour déserte et pavée.
Le cocher fit entrer ses chevaux dans cette cour et amena la voiture jusqu’à la porte d’une grande maison en pierre grise, dont la façade comptait bon nombre de fenêtres, dont quelques-unes étaient faiblement éclairées et ressemblaient aux yeux pâles de quelque veilleur fatigué de contempler l’obscurité de la nuit.
Milady surveillait tous ces détails aussi froidement que les étoiles qui se montraient dans ce ciel d’hiver ; elle jeta sur ces fenêtres un coup d’œil empressé et pénétrant. À l’une d’elles, masquée par un mauvais rideau d’un rouge fané, elle aperçut l’ombre d’une femme coiffée d’une façon bizarre qui passait et repassait sans cesse devant le rideau.
La méchante femme de sir Michaël plaça aussitôt la main sur le bras de Robert et, lui montrant cette fenêtre à rideau :
« Je sais où vous m’avez amenée, lui dit-elle. C’est une maison de fous. »