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DE LADY AUDLEY

— Impossible, Lucy, vous vous êtes méprise.

— Je ne pense pas.

— Alors, c’est qu’il est fou… Il faut qu’il le soit. J’attendrai qu’il soit de retour à Londres, et j’enverrai quelqu’un lui parler chez lui. Ô mon Dieu ! quel mystère que cette affaire !

— Je crains de vous avoir fait de la peine, mon ami, murmura lady Audley.

— Oui, chère enfant, j’en éprouve réellement, mais vous avez agi sagement en me racontant tout cela avec franchise. Je réfléchirai sur le meilleur parti à prendre. »

Milady se leva du tabouret sur lequel elle était assise. Le feu s’était presque éteint, et la chambre n’était plus éclairée que par une faible lueur. Lucy Audley se pencha sur le fauteuil de son mari et appuya ses lèvres sur son large front.

« Comme vous avez été bon pour moi, lui dit-elle de sa voix douce. Vous ne laisserez jamais personne vous influencer contre moi, n’est-ce pas, mon ami ?

— M’indisposer contre vous !… jamais, ma bien-aimée.

— Ah ! c’est qu’il y a dans le monde des gens méchants aussi bien que des fous, et qu’il pourrait se rencontrer des personnes qui auraient intérêt à me faire du tort.

— Elles feront mieux de ne pas l’essayer, elles se mettraient dans une position dangereuse si elles osaient s’attaquer à vous. »

Lady Audley fit entendre un éclat de rire argentin qui vibra dans toute la salle. Elle était triomphante.

« Je sais que vous m’aimez, mon ami, dit-elle, je le sais. Et maintenant il faut que je m’en aille, cher, car il est plus de sept heures et demie. J’avais promis d’aller dîner chez mistress Montford, mais un groom portera mes excuses. M. Audley m’a rendu trop triste pour figurer convenablement en société. Je resterai