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LE SECRET

Talboys. Sortons de cette chambre, Alicia ; je pense qu’elle est humide et même hantée. En vérité, je crois que tous les revenants sont le résultat de l’humidité. Vous dormez dans un lit humide, — vous vous réveillez en sursaut dans la nuit noire avec un frisson glacé, et vous voyez une vieille dame dans le costume de cour du temps de George Ier, assise au pied du lit. La vieille dame est une indigestion et le frisson glacé est un drap humide. »

Des bougies étaient allumées dans le salon. Aucune nouvelle invention de lampe n’avait fait encore son apparition au château d’Audley. Les appartements de sir Michaël étaient éclairés par de bonnes grosses bougies toutes jaunies, placées dans de massifs chandeliers d’argent et dans des candélabres fixés aux murs.

Il y avait peu de chose à voir dans le salon, et George Talboys fut bientôt fatigué de regarder de beaux meubles modernes et quelques peintures, œuvres d’académiciens.

« N’y a-t-il pas Un passage secret, un vieux buffet de chêne, ou quelque chose de ce genre, quelque part dans cette demeure, Alicia ? demanda Robert.

— Assurément, s’écria miss Audley, avec une impétuosité qui fit reculer son cousin ; sans doute. Pourquoi n’ai-je pas pensé à cela auparavant ! Quelle sotte je fais !

— Comment sotte ?

— Parce que si vous n’avez pas peur de ramper sur vos mains et sur vos genoux, vous pourrez voir les appartements de milady, car le passage en question communique au cabinet de toilette. Elle ne doit pas en avoir connaissance elle-même, je crois. Quel étonnement, si quelque bandit à masque noir, avec une lanterne sourde, surgissait du parquet quelque soir pendant qu’elle est assise devant sa glace, faisant arranger sa chevelure pour une soirée !