Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t1.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
88
LE SECRET

l’orage qui menace. Cette sotte aiguille d’horloge, qui ne connaissait pas de marche progressive et sautait toujours brusquement d’une heure à l’autre, marquait sept heures comme les jeunes gens passaient sous l’arceau ; mais, malgré tout, il en était près de huit.

Ils trouvèrent Alicia dans l’allée de tilleuls, errant nonchalamment de long en large sous les noirs ombrages des arbres, desquels, de temps en temps, une feuille se détachait et venait lentement tomber sur le sol.

Chose étrange à dire, George Talboys, qui très-rarement observait quelque chose, fit une attention particulière à cet endroit.

« Ce devrait être une avenue de cimetière, dit-il : comme les morts dormiraient paisiblement sous ces ombres épaisses. Je voudrais que le cimetière de Ventnor ressemblât à ceci. »

Ils continuèrent de marcher vers le puits en ruine, et Alicia leur raconta quelque vieille légende se rattachant au lieu, — quelque lugubre histoire, semblable à celles qui sont toujours liées à une vieille demeure, comme si le passé était une page toute noire de chagrins et de crimes.

« Nous voudrions voir la maison avant qu’il soit nuit, Alicia, dit Robert.

— Alors, nous devons nous presser, répondit-elle, venez. »

Elle ouvrit la marche en passant par une porte vitrée à la française, modernisée quelques années auparavant, et les conduisit dans la bibliothèque, et de là dans le vestibule.

Dans cette salle, ils passèrent devant la femme de chambre à la figure pâle, qui jeta un regard furtif de ses cils blancs sur les deux jeunes gens.

Ils commençaient à monter l’escalier lorsque Alicia se retourna, et, s’adressant à la jeune fille :