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DE LADY AUDLEY

— Alors vous partez décidément demain matin ?

— Positivement… par l’express de dix heures cinquante.

— Alors, lady Audley sera privée de la présentation de M. Talboys, et M. Talboys perdra la chance de voir la plus jolie femme de l’Essex.

— Réellement… balbutia George.

— La plus jolie femme de l’Essex aurait eu une triste chance d’exciter beaucoup l’admiration de mon ami, George Talboys, dit Robert, son cœur est à Southampton, où il a un méchant enfant à tête bouclée, pas plus haut que son genou, qui l’appelle « le gros monsieur » et lui demande des dragées.

— Je vais écrire à ma belle-mère par la poste de ce soir, dit Alicia. Elle me prie particulièrement dans sa lettre de lui dire combien de temps vous devez rester, et si elle pourra avoir la chance de revenir à temps pour vous recevoir. »

Miss Audley tira, en parlant, une lettre de la poche de son amazone, — un mignon et féerique billet, écrit sur du papier glacé d’une teinte particulière.

Elle disait dans son post-scriptum : « N’oubliez pas de répondre à ma question sur M. Audley et son ami, évaporée et étourdie Alicia ! »

« Quelle jolie écriture elle a, dit Robert, pendant que sa cousine repliait le billet.

— Oui, elle est charmante, n’est-ce pas ? Voyez donc, Robert. »

Elle mit la lettre dans sa main, et il la contempla nonchalamment pendant quelques minutes, tandis qu’Alicia caressait l’encolure de sa jument, qui était inquiète de partir.

« Tout de suite, Atalante, tout de suite. Rendez-moi mon billet, Bob.

— C’est la plus gentille, la plus coquette petite main que j’aie jamais vue. Savez-vous, Alicia, que je