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LE SECRET

servante et maîtresse riant aux éclats à propos des aventures du jour. Alicia, qui n’était jamais familière avec ses domestiques, s’éloigna, pleine de dégoût pour la frivolité de milady.

« Continue de brosser mes cheveux, Phœbé, disait lady Audley, chaque fois que la jeune fille était sur le point de terminer sa besogne ; je suis si enchantée de causer avec toi. »

À la fin, comme elle venait de renvoyer sa femme de chambre, elle la rappela subitement.

« Phœbé Marks, dit-elle, j’ai besoin que tu me rendes un service.

— Oui, milady.

— J’ai besoin que tu ailles à Londres par le premier train de demain matin, faire une petite commission pour moi. Tu pourras prendre un jour de congé ensuite, car je sais que tu as des amis dans la capitale, et je te donnerai un billet de cinq livres, si tu exécutes ce que je veux, et gardes le secret de tout cela pour toi seule.

— Oui, milady.

— Regarde si la porte est bien fermée et viens t’asseoir sur ce tabouret à mes pieds. »

La jeune fille obéit. Lady Audley caressa la chevelure incolore de sa femme de chambre avec sa main d’un blanc mat chargée de bagues, pendant qu’elle réfléchissait quelques instants.

« Et maintenant, écoute-moi, Phœbé. Ce que je te demande de faire est très-simple. »

C’était si simple, que ce fut dit en cinq minutes, et alors lady Audley se retira dans sa chambre à coucher et se blottit pudiquement sous son édredon. Frileuse et mignonne créature, elle aimait à s’ensevelir dans le satin et les fourrures.

« Embrasse-moi, Phœbé, dit-elle, comme la jeune fille arrangeait les rideaux. J’entends le pas de sir Mi-