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DE LADY AUDLEY

et posa ses vêtements de deuil dans une malle dans laquelle il gardait un paquet des lettres de sa femme, et cette mèche de cheveux qui avait été coupée sur sa tête après sa mort. Robert Audley n’avait jamais vu ni les lettres ni la longue tresse soyeuse, et George, en vérité, n’avait jamais prononcé le nom de sa femme morte depuis ce jour ou il avait appris à Ventnor tous les détails de sa maladie.

« J’écrirai aujourd’hui à ma cousine Alicia, George, dit le jeune avocat, ce même 30 août. Ne savez-vous pas qu’après-demain est le 1er septembre ? Je lui écrirai pour lui dire que nous irons tous les deux au château pendant une semaine pour chasser.

— Non ! non ! Bob, allez seul ; ils n’ont pas besoin de moi, et je serai mieux…

— Enseveli tout seul dans Fig-Tree Court, sans autres compagnons que mes chiens et mes canaris ! Non, George, vous ne ferez pas une pareille chose.

— Mais je ne me soucie pas de chasser.

— Et supposez-vous que je m’en soucie beaucoup ? s’écria Robert avec une charmante naïveté. Quoi ! mon brave, je ne distingue pas un perdreau d’un pigeon, et ce pourrait bien être le 1er avril au lieu du 1er septembre pour ce que j’en ai à faire. Je n’ai jamais blessé un oiseau de ma vie, mais seulement endommagé mes propres épaules avec le poids de mon fusil. Je ne veux faire une descente dans l’Essex que pour changer d’air, les bons dîners, et la vue de la respectable figure de mon digne oncle. Cette fois, en outre, j’ai un autre motif d’attraction, c’est celui de voir ce modèle de belle chevelure, ma nouvelle tante. Viendrez-vous avec moi, George ?

— Oui, si réellement vous le désirez. »

Le caractère calme qu’avait pris son chagrin après sa primitive et courte violence l’avait laissé aussi soumis qu’un enfant aux volontés de son ami ; prêt à aller