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DE LADY AUDLEY

Robert ne voulait partir qu’à la seule condition que George viendrait avec eux.

Pendant longtemps le jeune homme résista, mais lorsqu’il trouva que Robert, avec tout son calme, était parfaitement décidé à ne pas partir sans lui, il se rendit, et consentit à être de la partie.

« Que m’importe ? dit-il ; un pays est pour moi aussi indifférent qu’un autre, un lieu quelconque hors d’Angleterre ; où ? qu’ai-je besoin de m’en inquiéter. »

Ce n’était pas une façon très-gaie d’envisager les choses, mais Robert Audley était très-satisfait d’avoir enlevé son consentement.

Les trois jeunes gens se disposaient à partir dans les circonstances les plus favorables, munis de lettres de recommandation pour les habitants les plus influents de la capitale de la Russie.

Avant de quitter l’Angleterre, Robert écrivit à sa cousine Alicia pour lui annoncer son départ avec son vieil ami George Talboys, qu’il avait dernièrement rencontré pour la première fois, après de longues années et qui venait de perdre sa femme.

La réponse d’Alicia arriva par le retour de la poste, et était ainsi conçue :

« Mon cher Robert,

« Qu’il est cruel à vous de partir pour cet horrible Saint-Pétersbourg avant la saison de la chasse ! J’ai entendu dire qu’on perdait souvent son nez dans ce désagréable climat, et comme le vôtre a une certaine longueur, je voudrais vous avertir afin que vous reveniez avant que la rude température l’ait congelé. Quelle sorte d’individu est ce jeune M. Talboys ? S’il est très-aimable, vous pourriez l’amener au château aussitôt que vous serez de retour de vos voyages. Lady Audley me demande de vous prier de lui apporter une