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DE LADY AUDLEY

retard. Je serai bien mieux lorsque j’aurai mis la moitié du monde entre moi et son tombeau. »

Avant de quitter la maison, il se déroba pour parler à la dame et lui adressa plusieurs questions sur sa femme.

« Étaient-ils pauvres ? demanda-t-il ; étaient-ils à court d’argent lorsqu’elle était malade.

— Oh non ! répondit la femme, quoique le capitaine soit mal vêtu, il a toujours sa bourse pleine de souverains. La pauvre jeune dame ne manquait de rien. »

George fut soulagé par ces paroles, quoiqu’il fût intrigué de savoir comment cet ivrogne de lieutenant en demi-solde pouvait avoir fait pour trouver l’argent nécessaire à toutes les dépenses de la maladie de sa fille.

Mais il avait l’esprit trop abattu par l’infortune qui l’avait rendu incapable de penser à la moindre chose, il ne lui fit pas d’autres questions, mais il se dirigea avec son beau-père et Robert Audley vers le bateau sur lequel ils devaient se rendre à Portsmouth.

Le vieillard adressa à Robert un très-cérémonieux adieu.

« Vous ne m’avez pas présenté à votre ami, soit dit en passant, mon cher ami, » dit-il.

George lança sur lui un regard terrible, murmura quelques mots confus, et descendit l’escalier qui menait au bateau, avant que M. Maldon pût répéter sa demande. Le paquebot s’éloigna rapidement, laissant derrière lui le soleil couchant et les contours de l’île perdus dans l’horizon, comme ils approchaient du rivage opposé.

« Penser, dit George, qu’il y a deux soirées seulement, à la même heure, j’arrivais à toute vapeur à Liverpool, plein de l’espoir de la serrer sur mon cœur et que ce soir je reviens de son tombeau. »

Le titre qui constituait Robert Audley tuteur du