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LE SECRET

— Alors il vaut mieux qu’il reste avec vous. L’intérêt de mon argent sera à peu près de six cents livres par an. Vous pourrez en prendre là-dessus une centaine pour l’éducation de Georgey, et laisser le reste s’accumuler jusqu’à ce qu’il soit en âge. Mon ami que voilà sera le curateur, et s’il veut accepter cette charge, je le constituerai tuteur de l’enfant, consentant pour le moment à le laisser à vos soins.

— Mais pourquoi ne prendriez-vous pas soin de lui, vous-même, George ? demanda Robert Audley.

— Parce que je m’embarquerai sur le vaisseau qui partira le plus prochainement de Liverpool pour l’Australie. Je serai mieux dans les mines ou dans le fond des bois que je ne pourrais jamais être ici. De cette heure je renonce à la vie civilisée, Bob. »

Les yeux du vieil homme étincelèrent quand George annonça sa détermination.

« Mon pauvre ami, je crois que vous avez raison, dit-il, je crois réellement que vous avez raison. Le changement, la vie sauvage, la… la… »

Il hésita et s’interrompit, Robert le fixant avec attention.

« Vous êtes bien pressé d’être débarrassé de votre gendre, je crois, monsieur Maldon, dit-il gravement.

— Débarrassé de lui, le cher garçon ! oh, non, non ; mais pour son propre avantage, mon cher monsieur, pour son propre avantage, vous savez.

— Je pense que pour son propre avantage il ferait mieux de rester en Angleterre et de veiller sur son fils, dit Robert.

— Mais je vous dis que je ne puis pas, s’écria George ; chaque pouce de ce sol maudit est odieux à mon cœur. J’ai besoin de fuir loin de lui comme je le ferais d’un cimetière. Je veux retourner à Londres ce soir, arranger demain matin de bonne heure cette affaire d’argent, et partir pour Liverpool sans un moment de