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DE LADY AUDLEY
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promenait de long en large, avec la fièvre des regrets et du désespoir, l’enfant courut à son grand-père et se suspendit aux pans de son habit.

« Allons à la maison, grand papa, allons à la maison, dit-il, je suis fatigué. »

George Talboys se retourna au son de la voix enfantine, et jeta sur l’enfant de longs et brûlants regards.

Il avait les yeux bruns et la chevelure noire de son père.

« Mon chéri ! mon chéri ! dit George, prenant l’enfant dans ses bras ; je suis ton père qui a traversé la mer pour te retrouver, veux-tu m’aimer ? »

Le petit gaillard le repoussa.

« Je ne vous connais pas, dit-il, j’aime grand-papa et mistress Monks, à Southampton.

— Georgey a un caractère à lui, monsieur, dit le vieillard. Il a été gâté. »

Ils regagnèrent lentement le cottage, et une fois encore George Talboys raconta l’histoire de cet abandon qui avait paru si cruel. Il parla aussi des vingt mille livres placées par lui le jour précédent. Il n’avait pas le courage de faire quelques questions sur le passé, et son beau-père lui dit seulement que peu de mois après son départ ils étaient partis de l’endroit où George les avait laissés pour aller vivre à Southampton, où Helen avait eu quelques élèves pour le piano, et où ils faisaient très-bien leurs affaires jusqu’au moment où, la santé l’abandonnant, elle tomba dans un état de dépérissement, qui avait amené sa mort. Semblable à un grand nombre de lugubres histoires, celle-ci était d’une brièveté terrible.

« Cet enfant semble fou de vous, monsieur Maldon, dit George après un moment de silence.

— Oui, oui, répondit le vieillard caressant la chevelure bouclée de l’enfant ; oui, Georgey aime bien son grand-papa.