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LE SECRET

représentait en uniforme, avec son cheval dans le fond du paysage.

Le mieux intentionné des hommes aurait peut-être été un consolateur à peine aussi prudent que Robert Audley. Il n’adressa pas un mot au pauvre veuf et s’assit tranquillement, tournant le dos à George, et regarda au dehors par l’ouverture de la croisée.

Pendant quelque temps, le jeune homme erra en tous sens dans la chambre, examinant et touchant parfois les colifichets épars çà et là.

Sa boîte à ouvrage, avec une broderie inachevée, son album rempli d’extraits de Byron et de Moore, dans lesquels il reconnut son propre griffonnage, quelques livres qu’il lui avait donnés, et une touffe de fleurs flétries dans un vase qu’ils avaient acheté en Italie.

« Son portrait avait coutume d’être suspendu à côté du mien, murmura-t-il. Je voudrais bien savoir ce qu’on en a fait. »

Puis il dit, après une demi-heure de silence :

« Je voudrais voir la propriétaire de la maison ; je voudrais l’interroger sur… »

Il ne put continuer, et cacha sa figure entre ses mains.

Robert appela la dame de la maison. C’était une créature bavarde, d’une nature excellente, et accoutumée à voir la maladie et la mort, car plusieurs de ses locataires étaient venus mourir chez elle. Elle raconta tous les incidents des dernières heures de mistress Talboys, comment elle était arrivée à Ventnor, une semaine seulement avant sa mort, au dernier degré de la consomption, et comment, jour par jour, elle avait baissé et succombé inévitablement à la fatale maladie.

« Monsieur est-il un parent ? demanda-t-elle à Robert Audley en entendant George pousser un soupir.

— Oui, c’est le mari de la dame.