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LE SECRET

— Pas ce soir, George, pas ce soir. J’irai moi-même demain avec vous par le premier train. »

Robert le reconduisit à son lit et le força doucement à se recoucher. Il lui donna alors une potion soporifique que lui avait laissée le médecin qu’on avait fait appeler au coffee-house de Westminster, lorsque George s’était évanoui.

Aussi George Talboys tomba-t-il dans un lourd assoupissement et rêva qu’il arrivait à Ventnor, qu’il trouvait sa femme vivante et heureuse, mais ridée, vieillie et grisonnante, et son fils devenu un grand jeune homme.

Le jour suivant, de bon matin, il était assis en face de Robert Audley, dans une voiture de première classe d’un train express, roulant à travers le joli pays découvert qui mène à Portsmouth.

Ils prirent la voiture de Ryde pour Ventnor par la chaleur brûlante d’un soleil de midi. Lorsque les jeunes gens en sortirent, les gens qui attendaient furent saisis à la vue de George avec son visage livide et sa barbe en désordre.

« Qu’allons-nous faire, George ? demanda Robert Audley, nous n’avons aucun indice pour trouver les gens que nous avons besoin de voir. »

Le jeune homme le regarda avec une expression triste et abattue. Le gros dragon était aussi faible qu’un enfant, et Robert Audley, le plus indécis et le moins énergique des hommes, se trouva appelé à agir pour un autre. Il se montra supérieur à lui-même et au niveau de la circonstance.

« Ne vaudrait-il pas mieux nous informer de mistress Talboys à un des hôtels de l’endroit, George ? dit-il.

— Elle s’appelait Maldon du nom de son père, murmura George, il ne peut pas l’avoir laissée mourir seule ici. »