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LE SECRET

« Bob, s’écria-t-il, avec l’accent expressif du plus grand étonnement. J’ai touché la terre anglaise seulement à la fin de la dernière nuit, et je vous rencontre ce matin !

— Je vous ai vu quelque part auparavant, mon ami barbu, dit M. Audley en examinant avec calme le visage animé de l’autre, mais que je sois pendu si je puis me rappeler en quel endroit et à quelle époque.

— Quoi ! s’écria l’étranger, allez-vous me dire que vous avez oublié George Talboys ?

— Non, je ne l’ai pas oublié, » dit Robert avec une énergie qui ne lui était en aucune façon habituelle.

Et accrochant alors son bras à celui de son ami, il le conduisit dans le sombre passage, et lui dit avec son indifférence accoutumée :

« Et maintenant, George, apprenez-nous tout ce qui s’est passé. »

George Talboys lui apprit tout ce qui s’était passé. Il lui raconta la même histoire qu’il avait exposée, dix jours avant, à la pâle gouvernante, à bord de l’Argus, et alors, bouillant et hors d’haleine, il lui dit qu’il avait un paquet de bons d’Australie, et qu’il avait besoin de les mettre en banque au comptoir de MM. X…, qui avaient été ses banquiers plusieurs années auparavant.

« Je sors justement de leurs bureaux, dit Robert, nous y retournerons ensemble, et nous terminerons cette affaire dans cinq minutes. »

Ils parvinrent à l’arranger à peu près dans un quart d’heure, et alors Robert Audley proposa immédiatement l’hôtel du Sceptre et de la Couronne, ou celui du Château de Richmond, où ils pourraient faire un bout de repas, et causer du bon vieux temps, où ils étaient ensemble à Eton. Mais George dit à son ami qu’avant d’aller n’importe où avant de toucher à un morceau ou de rompre son jeûne, avant de se restaurer d’aucune