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LE SECRET

est assez grand pour serrer tous les habits que j’ai jamais possédés.

— Et cela est rempli autant qu’il est possible de diamants, de rubis, de perles et d’émeraudes, » répondit Phœbé, occupée, en parlant, à plier les robes de soie qui produisaient leur frôlement ordinaire, et en les posant une à une sur les tablettes de la garde-robe.

Comme elle secouait les plis de la dernière, un bruit de clefs surprit son oreille, et elle mit sa main dans la poche.

« Voici, s’écria-t-elle, la première fois que, contre son habitude, milady a laissé les clefs dans sa poche. Je puis te montrer les bijoux, si tu le désires, Luke.

— Oui, je veux bien tout de même jeter un coup d’œil là-dessus, ma fille, » dit-il en se levant de dessus son fauteuil, et tenant le flambeau pendant que sa cousine ouvrait l’écrin.

Il poussa un cri d’admiration lorsqu’il vit les parures étinceler sur les coussins de satin blanc. Il éprouva le besoin de saisir les fragiles joyaux, de les retourner et d’évaluer leur valeur intrinsèque. Peut-être un saisissement d’envie et de désir ardent passa-t-il sur son cœur, en pensant combien il lui serait facile de s’emparer de l’un d’eux.

« Ah ! un de ces diamants assurerait notre existence, Phœbé, dit-il en tournant et retournant un bracelet dans ses grosses mains rouges.

— Pose cela, Luke, pose vite cela, s’écria la jeune fille avec un regard de terreur ; comment peux-tu dire de telles choses ? »

Il remit le bracelet à sa place à contre-cœur et en soupirant, puis il continua d’examiner l’écrin.

« Qu’est-ce que c’est que ceci ? » demanda-t-il bientôt, montrant du doigt un bouton de cuivre dans la charpente de la boîte.