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LE SECRET

aussi beau que tu le dis, je serais enchanté d’y jeter un coup d’œil.

— Tu le pourras très-bien ; mistress Barton, la gouvernante, te connaît de vue, et ne s’opposera pas à ce que je te montre quelques-unes des plus belles chambres. »

Il était presque nuit lorsque les cousins quittèrent le bosquet et se dirigèrent lentement vers la maison. La porte par où ils entrèrent conduisait dans la salle des domestiques, sur un côté de laquelle était située la chambre de la gouvernante. Phœbé Marks s’arrêta un instant pour lui demander si elle pouvait introduire son cousin dans les appartements, et, en ayant reçu la permission, elle alluma une chandelle à la lampe de la salle, et fit signe à Luke de la suivre dans une autre partie de la maison.

Les longs corridors, lambrissés de chêne noir, étaient plongés dans une obscurité peuplée de fantômes, la lumière portée par Phœbé produisant seulement un petit point lumineux dans les larges passages à travers lesquels la jeune fille conduisait son cousin. Luke regardait de temps en temps avec méfiance par-dessus ses épaules, à demi effrayé par le craquement de ses grosses bottes garnies de clous.

« C’est une habitation mortellement triste, Phœbé, dit-il, comme ils débouchaient d’un passage dans une salle principale qui n’était pas encore éclairée ; j’ai entendu parler d’un meurtre commis ici dans le temps jadis.

— Il y a assez de meurtres en ce temps-ci, sans parler de celui-là, » répondit la jeune femme montant l’escalier et suivie par le jeune homme.

Elle lui fit traverser un grand salon tendu de satin, avec des moulures dorées, des meubles de Boule, des armoires incrustées, des bronzes, des camées, des statuettes, et mille riens élégants qui brillaient dans