Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t1.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
279
DE LADY AUDLEY

Il retourna la lettre et examina le cachet qui portait les armoiries de famille de son ami.

« Je me demande ce qu’elle peut me dire ? pensa-t-il, c’est une longue lettre, j’en suis sûr ; elle appartient à l’espèce de femme qui écrit une longue lettre…, une lettre dans laquelle elle me presse de marcher, d’aller en avant, de sortir hors de moi-même, je n’en doute nullement. Mais on ne peut empêcher cela… c’est ainsi. »

Il déchira l’enveloppe avec un soupir de résignation.

Elle ne contenait rien que deux lettres de George et quelques mots écrits sur le dessus :

« Je vous envoie les lettres, faites-moi le plaisir de les conserver et de me les renvoyer. — C. T. »

La lettre écrite de Liverpool ne disait rien de la vie de celui qui l’écrivait, excepté sa détermination soudaine de partir pour le Nouveau-Monde afin de reconquérir la fortune qu’il avait dissipée dans l’ancien.

La lettre écrite presque immédiatement après le mariage de George contenait une description complète de sa femme, — une description telle que pouvait seulement la faire un homme après trois semaines d’un mariage d’amour, — une description où chaque trait était minutieusement enregistré, chaque forme gracieuse ou chaque beauté de physionomie passionnément soulignées, chaque agrément de manières amoureusement dépeint.

Robert Audley lut les lettres trois fois avant de les déposer.

« Si George avait pu savoir à quel dessein pouvait servir cette description quand il l’écrivait, pensa le jeune avocat, pour sûr sa main serait tombée paralysée par l’horreur et aurait été impuissante à former une seule syllabe de ces tendres expressions. »

FIN DU TOME PREMIER