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DE LADY AUDLEY

« Miss Talboys, dit Robert après un instant, votre frère ne restera pas sans vengeance. Il ne sera pas oublié. Je ne pense pas que l’assistance quelconque des hommes du métier que vous pourriez vous procurer vous fît trouver le secret de ce mystère aussi sûrement que je puis le faire, si vous êtes patiente et si vous avez confiance en moi.

— J’aurai confiance en vous, répondit-elle, car je vois que vous voulez m’aider.

— Je crois qu’il est dans ma destinée d’agir ainsi, » dit-il d’un ton solennel.

Dans tout le cours de sa conversation avec Harcourt Talboys, Robert Audley avait soigneusement évité de tirer aucune conséquence des événements qu’il avait relatés au père de George. Il avait simplement raconté l’histoire de la vie de l’homme absent, à partir de l’heure de son arrivée à Londres jusqu’à celle de sa disparition, mais il s’aperçut que Clara Talboys était arrivée à la même conclusion que lui-même, et qu’il y avait entre eux une intelligence tacite des choses.

« Avez-vous quelques lettres de votre frère, miss Talboys ? demanda-t-il.

— Deux. Une, écrite peu de temps après son mariage, l’autre, écrite de Liverpool avant qu’il s’embarquât pour l’Australie.

— Voulez-vous me permettre de les voir ?

— Oui, je vous les enverrai si vous me donnez votre adresse. Vous m’écrirez de temps en temps, n’est-ce pas ? pour me dire si vous approchez de la vérité. Je serai obligée d’agir secrètement ici, mais je suis sur le point de quitter la maison dans deux ou trois mois, et je serai parfaitement libre alors d’agir comme il me plaira.

— Vous, n’allez pas quitter l’Angleterre ? demanda Robert.

— Oh non ! je dois seulement aller rendre une visite