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LE SECRET

rait la propriété de M. Talboys. À une centaine de mètres environ au-dessus de l’entrée principale, il arriva à une petite porte en bois dans la barrière, et attendit là miss Talboys.

Elle le rejoignit bientôt, son châle encore sur la tête, et ses yeux brillants et toujours secs.

« Voulez-vous marcher avec moi dans l’intérieur de la plantation ? dit-elle, nous pourrions être observés sur la grande route. »

Il s’inclina, passa la porte, et la ferma derrière lui.

Quand elle prit le bras qu’il lui offrait, il s’aperçut qu’elle était encore tremblante… qu’elle tremblait très-violemment.

« Je vous prie, je vous supplie de vous calmer, miss Talboys, dit-il, je puis m’être trompé dans l’opinion que j’ai formée ; je puis…

— Non, non, non, s’écria-t-elle, vous ne vous êtes pas trompé, mon frère a été assassiné. Dites-moi le nom de cette femme… de la femme que vous soupçonnez être intéressée à sa disparition… à son assassinat…

— Je ne puis faire cela jusqu’à ce que…

— Jusqu’à quand ?

— Jusqu’à ce que je sois certain qu’elle est coupable.

— Vous disiez à mon père que vous vouliez abandonner toute idée de découvrir la vérité… Que vous vouliez vous tenir tranquille en laissant le sort de mon frère rester à l’état d’horrible mystère jamais éclairci sur cette terre ; mais vous ne voulez pas agir ainsi, monsieur Audley… vous ne voulez pas manquer à la mémoire de votre ami. Vous voulez voir punir ceux qui l’ont tué. Voulez-vous faire cela, ou ne le voulez-vous pas ? »

Une ombre de tristesse s’étendit comme un voile noir sur le beau visage de Robert Audley