Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t1.djvu/265

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
257
DE LADY AUDLEY

que question d’un genre magistral. Clara Talboys ne releva jamais sa tête de ses mains jointes.

Les aiguilles de la pendule marquaient onze heures un quart quand Robert commença son histoire. Midi sonna comme il finissait.

Il avait soigneusement supprimé les noms de son oncle et de la femme de son oncle en relatant les circonstances dans lesquelles ils étaient impliqués.

« Maintenant, monsieur, dit-il quand l’histoire eut été racontée, j’attends votre décision. Vous avez entendu mes raisons conduisant à cette terrible conclusion. Quelle impression ces raisons ont-elles faite sur vous ?

— Elles ne me détournent nullement de ma première opinion, répondit M. Harcourt Talboys avec l’orgueil déraisonnable d’un homme obstiné. Je crois encore, comme je croyais auparavant, que mon fils est vivant, et que sa disparition est un complot contre moi. Je refuse de devenir la victime de ce complot.

— Et vous me dites de m’arrêter ? demanda Robert d’un ton solennel.

— Je ne vous dis que ceci : Si vous poursuivez, poursuivez pour votre satisfaction et non pour la mienne. Je ne vois rien dans ce que vous m’avez raconté de propre à m’alarmer pour la sécurité de… votre ami.

— Qu’il en soit ainsi, alors ! s’écria Robert subitement. De ce moment, je me lave les mains de cette affaire ; de ce moment, le but de ma vie sera de l’oublier. »

Il se leva en disant ces mots et prit son chapeau sur la table sur laquelle il l’avait posé ; il jeta un regard sur Clara Talboys. Son attitude n’était pas changée depuis qu’elle avait laissé tomber sa tête dans ses mains.

« Bonjour, monsieur Talboys, dit-il gravement, Dieu