Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t1.djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
256
LE SECRET

proteste contre ce procédé comme étant un complot, et je… je révoque mes intentions de pardon pour la personne qui fut autrefois mon fils. »

Il redevint lui-même en disant ces paroles. Le coup avait été rude, mais ses effets n’avaient été que momentanés.

« Il est très-loin de ma pensée de vous alarmer sans nécessité, monsieur, répondit Robert. Fasse le ciel que vous puissiez avoir raison et que j’aie tort. Je prie pour cela, mais je ne puis le croire… je ne puis l’espérer. Je suis venu à vous pour avoir un avis. Je veux vous exposer simplement et sans passion les circonstances qui ont éveillé mes soupçons. Si vous me dites que ces soupçons sont absurdes et sans fondement, je suis prêt à me soumettre à votre jugement plus sage que le mien. Je quitte l’Angleterre et j’abandonne la poursuite d’une évidence qui manque pour… pour confirmer mes craintes. Si vous me dites poursuivez, je poursuivrai. »

Rien ne pouvait être plus flatteur pour la vanité de M. Harcourt Talboys que cet appel. Il déclara être prêt à écouter entièrement ce que Robert pouvait avoir à dire, et à l’assister de tout son pouvoir.

Il prononça avec emphase ces derniers mots d’assurance, rabaissant la valeur de ses avis avec une affectation qui était aussi transparente que son amour-propre lui-même.

Robert Audley rapprocha sa chaise du fauteuil de M. Talboys, et commença un récit minutieusement détaillé de tout ce qui était arrivé à George depuis le moment de son arrivée en Angleterre jusqu’à l’heure de sa disparition, aussi bien que tout ce qui s’était passé depuis sa disparition et ne touchait en aucune manière à ce sujet particulier. Harcourt Talboys l’écouta avec une attention manifeste, interrompant de temps en temps le narrateur pour lui adresser quel-