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LE SECRET

toutes les tentatives ordinaires pour adoucir ma décision ou ébranler en moi la résolution arrêtée de ma vie, feraient défaut. Il a, en conséquence, essayé de moyens extraordinaires ; il s’est tenu caché à l’écart afin de m’alarmer ; et quand après un temps convenable il s’apercevra qu’il ne m’a pas alarmé, il reviendra à ses anciennes habitudes. Quand il agira ainsi, dit M. Talboys en s’élevant au sublime, je lui pardonnerai. Oui, monsieur, je lui pardonnerai ; et je lui dirai : « Vous avez essayé de me tromper, vous avez essayé de m’effrayer, et je vous ai convaincu que je ne suis pas capable d’être effrayé ; vous n’avez pas voulu croire à ma générosité, je veux vous montrer que je puis être généreux. »

Harcourt Talboys débita ces superbes périodes avec une manière étudiée, montrant qu’elles avaient été soigneusement élaborées depuis longtemps.

Robert Audley poussa un soupir en les entendant.

« Fasse le ciel que vous puissiez avoir l’occasion de dire ces paroles à votre fils, monsieur, répondit-il tristement. Je suis très-heureux d’apprendre que vous êtes disposé à lui pardonner, mais je crains que vous ne puissiez jamais le revoir sur cette terre. J’ai beaucoup de choses à vous dire sur ce… ce lamentable sujet, monsieur Talboys ; mais je préférerais vous les dire à vous seul, ajouta-t-il en jetant un regard sur la dame assise à côté de la croisée.

— Ma fille connaît mes idées à ce sujet, monsieur Audley, dit Harcourt Talboys ; il n’y a aucune raison qui l’empêche d’entendre ce que vous avez à dire. Miss Clara Talboys, M. Robert Audley, » ajouta-t-il en étendant majestueusement la main,

La jeune fille inclina la tête en reconnaissance du salut de Robert.

« Qu’elle entende donc, pensa-t-il. Si elle a assez peu de sensibilité pour ne montrer aucune émotion à