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DE LADY AUDLEY

avertir le cuisinier, monsieur… À quelle heure, monsieur ?

— Eh bien, eh bien, commandez pour six heures, et master Georgey ira à sa nouvelle institution pour l’heure du coucher. Vous pouvez parvenir à amuser l’enfant cette après-dînée, j’ose le croire. J’ai quelques affaires à terminer, et je ne pourrais pas le promener. Je coucherai ici cette nuit. Au revoir, Georgey, prenez garde à vous, et tâchez d’avoir bon appétit pour six heures. »

Robert Audley laissa l’enfant à la charge du garçon paresseux et descendit du côté de l’eau, choisissant cette rive déserte qui conduit jusque sous les murs tombant en poussière de la ville, dans la direction du petit village situé près de la partie plus étroite de la rivière.

Il avait fui, avec intention, la société de l’enfant, et il marcha à travers un léger amas de neige jusqu’à ce que la première obscurité l’atteignît.

Il retourna à la ville, et s’informa de la station d’où partaient les trains pour le Dorsetshire.

« Je partirai de bonne heure demain matin, pensa-t-il, pour voir le père de George avant la tombée de la nuit. Je lui dirai tout… tout, excepté l’intérêt que je prends à… à la personne soupçonnée, et il décidera ensuite ce qu’il convient de faire. »

Master Georgey fit parfaitement honneur au dîner que Robert avait commandé. Il but du Bass’s pale ale en si grande quantité, qu’il alarma grandement son tuteur, et se divertit étonnamment, en faisant une appréciation du faisan rôti et de la sauce au pain qui était au-dessus de son âge. À huit heures une voiture fut mise à son service, et il partit très-bien disposé, avec un souverain dans sa poche et une lettre de Robert à M. Marchmont, renfermant un billet de banque pour le trousseau du jeune gentleman.