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LE SECRET

jours montré une stupide affection pour le joli petit garçon, et avait fait de son mieux pour gâter Georgey, en lui laissant faire sa volonté en toute chose : en conséquence de cette indulgence, master Talboys avait acquis le goût de veiller tard, des soupers chauds indigestes, et de boire de petits coups de rhum et d’eau dans le verre de son grand-papa.

Il communiqua ses idées sur beaucoup de sujets à Robert Audley, tandis qu’ils se dirigeaient vers l’hôtel du Dauphin ; mais l’avocat ne l’encourageait pas à parler.

Ce n’était pas chose difficile que de trouver une bonne pension dans un endroit comme Southampton. Robert Audley fut envoyé à une jolie maison entre Barrière et l’Avenue, et confiant Georgey aux soins d’un garçon d’hôtel avenant, qui semblait n’avoir autre chose à faire que de regarder par la croisée, et d’en lever la poussière invisible sur le poli brillant des tables, l’avocat monta vers High Street, pour atteindre l’institution pour jeunes gentlemen dirigée par M. Marchmont.

Il trouva dans M. Marchmont un homme très-sensé, et il rencontra une file de jeunes gentlemen bien alignés, allant du côté de la ville sous l’escorte de deux professeurs, au moment où il entrait dans la maison.

Il dit au chef d’institution que le petit George Talboys avait été laissé à sa charge par un de ses meilleurs amis, qui s’était embarqué quelques mois auparavant pour l’Australie, et qu’il croyait mort. Il confia l’enfant aux soins particuliers de M. Marchmont, et il le pria en outre de n’admettre aucun visiteur à voir le petit garçon, à moins qu’il ne fût autorisé par une lettre de lui. Après avoir arrangé l’affaire en quelques mots, comme une transaction commerciale, il revint à l’hôtel chercher Georgey.