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DE LADY AUDLEY

« Je voudrais le voir mettre dans le trou, » remarqua Georgey, après un moment de silence.

Il avait accompagné plusieurs convois d’enfants du voisinage, et était considéré comme un pleureur important à cause de sa figure intéressante. Il en était venu, par conséquent, à considérer la cérémonie d’un enterrement comme une réjouissance solennelle dans laquelle, gâteaux, vins et voitures étaient les principaux événements.

« Vous n’avez pas d’objections à ce que j’emmène Georgey avec moi, monsieur Maldon ? » demanda Robert Audley.

L’agitation du vieillard s’était beaucoup calmée pendant ce temps. Il avait trouvé une autre pipe cachée derrière le cadre brillant de la glace et était en train d’essayer de l’allumer avec un morceau de journal tordu.

« Vous ne vous y opposez pas, monsieur Maldon ?

— Non, monsieur…, non, monsieur… ; vous êtes son tuteur et vous avez le droit de l’emmener où il vous plaira. Il a été pour moi une très-grande consolation dans ma vieillesse abandonnée, mais j’ai été préparé à le perdre. J’ai… je… peux n’avoir pas toujours rempli mon devoir envers lui, monsieur, sous… sous le rapport de l’instruction et… et de la chaussure. Le nombre de brodequins que peuvent user les enfants de son âge est difficile à imaginer pour l’esprit d’un jeune homme comme vous ; il est resté éloigné de l’école, peut-être trop souvent, et il a porté accidentellement des brodequins déchirés, quand nos fonds étaient bas ; mais il n’a pas été maltraité. Non, monsieur, vous pourriez le questionner durant une semaine, je ne crois pas que vous puissiez apprendre que son pauvre vieux grand-père lui ait jamais dit une parole dure. »

Sur ces entrefaites, Georgey, apercevant la détresse