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LE SECRET

bert Audley, semblait être une consolation pour le vieillard. Il ne parut pas écouter le caquetage de l’enfant, mais se promena deux ou trois fois en long et en large dans la petite chambre, lissa ses cheveux en désordre et se laissa arranger sa cravate par mistress Plowson, qui paraissait très-soucieuse de découvrir la cause de son agitation.

« Pauvre cher vieux monsieur, dit-elle, jetant les yeux sur Robert. Qu’est-il arrivé, pour le mettre ainsi hors de lui ?

— Son gendre est mort, répondit M. Audley, en fixant ses yeux sur le visage plein de sympathie de mistress Plowson. Il est mort un an et demi à peu près après la mort d’Helen Talboys, qui est ensevelie dans le cimetière de Ventnor. »

Le visage sur lequel il tenait son regard attaché changea très-légèrement ; mais les yeux qui s’étaient fixés sur lui se détournèrent, tandis qu’il parlait, et mistress Plowson, une fois de plus, fut obligée d’humecter ses lèvres pâles avec sa langue avant de lui répondre.

« Ce pauvre M. Talboys est mort, dit-elle, voilà vraiment une mauvaise nouvelle, monsieur. »

Le petit Georgey lança un regard plein d’intelligence du côté de son tuteur, pendant que ces paroles étaient prononcées.

« Qui est mort, dit-il, George Talboys est mon nom, qui est mort ?

— Un autre individu dont le nom est Talboys, Georgey.

— Pauvre individu ! Ira-t-il dans le trou ? »

L’enfant avait cette idée ordinaire de la mort que les judicieux parents donnent généralement aux enfants, et qui les conduit toujours à penser à l’ouverture de la fosse, mais rarement porte leurs esprits vers un point plus élevé.