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DE LADY AUDLEY

Vous aurez ma montre à faire nettoyer, et le brave bijoutier vous donnera de l’argent pour payer l’homme à la taxe, tandis qu’il nettoiera la montre… Je n’écoute rien, grand-papa. Allons chez le bijoutier… le bijoutier dans High Street, vous savez, qui a des globes dorés peints sur sa porte, pour montrer qu’il vient de Lambar… Lambarshire, dit l’enfant en faisant une pause pour trouver le nom. Allons, grand-papa. »

Le petit enfant prit le bijou dans son coin, et se dirigea vers la porte, fier d’être en possession d’un talisman qui avait si souvent rendu de si grands services.

« Il y a des loups à Southampton, dit-il, faisant un signe de tête presque triomphant à Robert Audley. Mon grand-papa dit, quand il prend ma montre, qu’il fait cela pour tenir le loup éloigné de la porte. Y a-t-il des loups où vous êtes ? »

Le jeune avocat ne répondit pas à la question de l’enfant, mais l’arrêta comme il entraînait son grand-père vers la porte.

« Votre grand-papa n’a pas besoin de la montre aujourd’hui, Georgey, dit-il gaiement.

— Pourquoi a-t-il du chagrin, alors ? demanda Georgey naïvement… Quand il a besoin de la montre, il est toujours chagrin et il frappe son pauvre front ainsi… L’enfant s’interrompit pour imiter l’action avec ses petits poings… Et dit que la… la jolie dame, je crois, le traite bien durement et qu’il ne peut tenir le loup éloigné de la porte. Et alors je dis : « Grand-papa, prenez la montre. » Et alors il me prend dans ses bras et dit : « Oh ! mon ange béni ! comment puis-je voler mon ange béni ? » Et puis il pleure, mais non pas comme aujourd’hui… pas tout haut, vous savez ; rien que des pleurs qui coulent sur ses pauvres joues ; non pas comme aujourd’hui que vous pouviez l’entendre dans le corridor. »

Le babil de l’enfant, tout pénible qu’il était pour Ro-