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DE LADY AUDLEY

— Oh ! que dois-je faire, que dois-je faire ? murmura le vieillard d’une voix faible ; puis, se relevant avec effort, il se dressa de toute sa hauteur et dit d’une manière qui était nouvelle chez lui, et qui n’était pas sans une certaine dignité personnelle, — cette dignité qui doit toujours être attachée à une ineffable misère, sous quelque forme qu’elle puisse paraître, — il dit gravement : « Vous n’avez pas le droit de venir ici terrifier un homme qui est ivre et qui ne se possède pas lui-même. Vous n’avez pas le droit de faire cela, monsieur Audley. Même le…, l’officier de police, monsieur, qui…, qui… » Il ne balbutiait pas, mais ses lèvres tremblaient si fort, que ses mots semblaient être mis en pièces par leur mouvement. « L’officier de police, je répète, monsieur, qui arrête un… un voleur, ou un… » Il s’arrêta pour essuyer ses lèvres et pour les calmer, s’il le pouvait, en agissant ainsi, ce qu’il ne put pas faire, « Un voleur…, ou un meurtrier… » Sa voix mourut subitement sur le dernier mot, et c’était seulement par le mouvement de ses tremblantes lèvres que Robert comprit ce qu’il disait. « Il lui donne l’avertissement, monsieur, l’admirable avertissement, qu’il ne doit rien dire qui puisse le compromettre lui-même… ou… d’autres personnes. La… la… loi, monsieur, a ce langage de miséricorde pour un… un… être soupçonné criminel. Mais vous, monsieur, vous… vous venez dans ma maison et vous venez dans un moment où…, où…, contrairement à mes habitudes ordinaires… qui, comme on vous le dira, sont des habitudes de sobriété… vous venez, et, vous apercevant que je ne suis pas entièrement dans mon sang-froid… vous saisissez… la… l’opportunité de… m’effrayer… et cela n’est pas bien, monsieur… cela est… »

Quel que soit ce qu’il voulut dire, ses paroles moururent en soupirs inarticulés qui semblaient l’ébran-