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DE LADY AUDLEY

ton, et ce mensonge que vous m’avez fait le 8 septembre dernier vous était dicté par une dépêche télégraphique que vous avez reçue ce jour-là. »

La sale pipe de terre s’échappa de sa main tremblante et vint se briser contre le garde-feu en fer ; mais le vieillard ne fit aucun effort pour en trouver une nouvelle ; il s’assit, tremblant de tous ses membres en regardant Robert Audley, Dieu sait de quel air pitoyable.

« Le mensonge vous était dicté, et vous avez répété la leçon. Mais vous n’avez pas plus vu George Talboys ici, le 7 septembre, que je ne le vois dans cette chambre en ce moment. Vous avez cru brûler la dépêche télégraphique, mais vous n’en avez brûlé qu’une partie, le reste est en ma possession. »

Le lieutenant Maldon était complètement dégrisé maintenant.

« Qu’ai-je fait ? murmura-t-il tout consterné ; ô mon Dieu ! qu’ai-je fait ?

— À deux heures, dans la journée du 7 septembre dernier, continua la voix accusatrice et sans pitié, George Talboys a été vu, vivant et bien portant, dans une maison du comté d’Essex. »

Robert s’arrêta pour voir l’effet de ces paroles. Elles n’avaient produit aucun changement dans le vieillard : il était toujours tremblant de la tête aux pieds, avec ce regard fixe et hébété de quelque misérable sans espoir dont tous les sens s’engourdissent graduellement par la terreur.

« À deux heures de ce jour, répéta Robert Audley, mon pauvre ami a été vu vivant et bien portant dans la maison dont je parle. À partir de cette heure jusqu’à celle-ci, je n’ai jamais pu apprendre qu’il ait été vu par une créature vivante. J’ai fait des démarches telles, qu’elles auraient dû avoir pour résultat de me procurer des renseignements sur son compte s’il était vivant.