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LE SECRET

essoufflée et haletante, se tenait serrée derrière son maître. Quoique la journée ne fût pas avancée, le vieillard avait la langue épaisse et la parole embarrassée en s’adressant durement à mistress Plowson.

« Vous êtes une créature bien venue à vous dire femme de sens ! dit-il ; pourquoi n’avez-vous pas pris l’enfant à part et ne lui avez-vous pas lavé la figure ? Avez-vous besoin de me ruiner ? Voulez-vous ma perte ? Emmenez l’enfant ! Monsieur Audley, je suis vraiment enchanté de vous voir, très-heureux de vous recevoir dans mon humble demeure, » ajouta le vieillard avec une politesse d’ivrogne, en tombant sur une chaise en parlant, et en essayant de garder une contenance digne devant son visiteur inattendu.

« Quels que soient les secrets de cet homme, pensa Robert, tandis que mistress Plowson poussait le petit George Talboys hors de la chambre, cette femme en sait une partie qui n’est pas sans importance. Quel que puisse être le mystère, il devient à chaque pas plus noir et plus ténébreux ; mais j’essayerais en vain de rétrograder ou de m’arrêter court sur la route, car une main plus forte que la mienne m’indique du doigt le chemin du tombeau ignoré de l’ami que j’ai perdu. »