Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t1.djvu/228

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
220
LE SECRET

L’enfant l’interrompit en tirant un petit bijou de montre de son sein et, le montrant à Robert :

« C’est la montre que la jolie dame m’a donnée, dit-il. Je l’ai maintenant, mais je ne l’ai pas eue depuis longtemps, parce que le bijoutier qui l’a nettoyée est un paresseux, dit grand-papa, et qu’il la garde toujours assez longtemps, et grand-papa dit qu’il veut encore la faire nettoyer à cause des taxes ; mais il dit que s’il devait la perdre, la jolie dame m’en donnerait une autre. Connaissez-vous la jolie dame ?

— Non, George ; mais racontez-moi tout ce que vous savez sur elle. »

Mistress Plowson fit une autre tentative sur l’enfant. Elle était armée d’un mouchoir de poche cette fois, et déployait une grande inquiétude sur l’état du petit nez de Georgey, mais Robert prévint l’attaque de cette arme redoutable, et tira l’enfant des mains de son bourreau.

« L’enfant se comportera très-bien, madame, dit-il, si vous voulez être assez bonne pour le laisser seul pendant cinq minutes. Maintenant, Georgey, asseyez-vous sur mes genoux pour me dire ce que vous savez sur la jolie dame. »

L’enfant descendit comme il put de la table sur les genoux de M. Audley, saisissant sans aucune cérémonie, pour s’aider dans sa descente, le collet de son tuteur.

« Je vais tout vous raconter sur la jolie dame, dit-il, parce que je vous aime beaucoup. Grand-papa m’a dit de n’en parler à personne, mais je vous le dirai à vous, vous savez, parce que je vous aime, et parce que vous allez me mettre à l’école. La jolie dame est venue ici un soir… il y a bien longtemps… oh ! bien longtemps, dit l’enfant, secouant sa tête avec un air dont la solennité exprimait quelque époque prodigieusement reculée. Elle est venue quand je n’étais