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DE LADY AUDLEY

« Que voulez-vous faire de l’enfant ? dit-il.

— Je voulais seulement le prendre pour laver sa jolie figure, monsieur, et arranger ses cheveux, répondit la femme, du même ton caressant avec lequel elle avait parlé de la taxe de l’eau. Vous ne pouvez pas le voir à son avantage, monsieur, tandis que sa charmante figure est sale. Je n’ai pas besoin de cinq minutes pour le rendre aussi net qu’une épingle neuve. »

Elle mettait ses bras longs et maigres autour de l’enfant, tandis qu’elle parlait, et se préparait évidemment à le prendre et à l’emporter, quand Robert l’arrêta.

« Je préfère le voir comme il est, je vous remercie, dit-il. Mon séjour à Southampton ne doit pas être long, et j’ai besoin d’entendre tout ce que ce petit homme peut me raconter. »

Le petit homme se glissa plus près de Robert et examina avec confiance les yeux gris de l’avocat.

« Je vous aime beaucoup, dit-il, j’avais peur de vous quand vous veniez autrefois, parce que j’étais sauvage. Je ne suis plus sauvage maintenant, je vais avoir six ans. »

Robert caressa la tête de l’enfant d’une manière encourageante, mais il n’avait pas les yeux fixés sur le petit George ; il observait la veuve aux beaux cheveux qui s’était approchée de la croisée et était occupée à regarder dehors la pièce de terrain inculte.

« Vous êtes inquiète de quelqu’un, madame, j’en ai peur, » dit Robert.

Son visage se colora vivement, au moment où l’avocat fit cette remarque, et elle lui répondit d’une manière embarrassée.

« J’épiais l’arrivée de M. Maldon, monsieur, dit-elle. Il sera si contrarié s’il ne vous voit pas.

— Vous savez qui je suis, alors ?

— Non, monsieur, mais… »