Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t1.djvu/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
218
LE SECRET

pondit le petit garçon avec vivacité. J’ai été une fois à l’école de miss Pevins, — une école de jour, vous savez —, à côté du coin de la rue voisine ; mais j’attrapai la rougeole et grand-papa ne voulut plus m’y laisser retourner, crainte que je n’attrapasse de nouveau la rougeole ; et grand-papa ne veut pas me permettre de jouer avec les petits garçons dans la rue, parce que ce sont des garçons grossiers ; il dit des polissons, mais il dit que je ne dois pas dire polissons parce que cela est vilain. Il dit Dieu me damne et le diable m’emporte, mais il dit qu’il le peut parce qu’il est âgé. Je dirai Dieu me damne et le diable m’emporte quand je serai grand, et je voudrais aller à l’école, s’il vous plaît, et je puis y aller aujourd’hui si vous le voulez ; mistress Plowson voudra bien me préparer mes habits, n’est-ce pas que vous le voulez bien, mistress Plowson ?

— Certainement, master Georgey, si votre grand-papa le désire, répondit la femme, jetant un regard presque troublé sur M. Robert Audley.

— Quel rôle peut jouer ici cette femme ? pensa Robert, en tournant les yeux de l’enfant vers la veuve aux beaux cheveux, qui elle-même se faufilait lentement vers la table sur laquelle le petit George Talboys était debout, causant avec son tuteur. Me prend-elle toujours pour un percepteur de taxes rempli d’intentions hostiles pour son misérable avoir et son trésor, ou le motif de ses manières inquiètes aurait-il une cause plus profonde ? C’est une chose à peine croyable, car quels que soient les secrets que puisse avoir le lieutenant Maldon, il n’est pas très-probable que cette femme en ait connaissance. »

Mistress Plowson s’était faufilée près de la petite table pendant ce temps, et était occupée à faire descendre furtivement l’enfant, lorsque Robert se retourna brusquement.