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LE SECRET
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« N’importe qui pourrait, sans la fracturer, ouvrir une serrure pareille, » murmura Robert en levant le couvercle de la malle.

Il la vida lentement, mettant soigneusement chaque objet sur une chaise à côté de lui. Il prenait les objets avec une tendresse respectueuse, comme s’il eût soulevé le cadavre de son ami perdu. Un à un il plaça sur la chaise les vêtements de deuil parfaitement pliés. Il trouva de vieilles pipes en écume, des gants salis et racornis qui étaient sortis frais d’une fabrique parisienne ; de vieux programmes de théâtre, dont les plus grosses lettres formaient les noms d’acteurs qui étaient morts et oubliés ; de vieux flacons à parfums, avec des essences odoriférantes dont la mode était passée ; de gentils paquets de lettres, scrupuleusement étiquetés avec le nom de celui qui les avait écrites, des fragments de vieux journaux, et un petit tas de livres dépareillés, tombant en lambeaux, dont les feuillets détachés s’éparpillèrent entre les mains imprévoyantes de Robert comme un paquet de cartes. Mais parmi toute cette masse de choses en désordre et sans valeur dont chaque débris avait eu dans son temps son utilité spéciale, Robert Audley chercha en vain ce qu’il désirait : le paquet de lettres écrites à son ami par sa femme. Il avait entendu George faire plus d’une fois allusion à l’existence de ces lettres. Il l’avait vu un jour sortir ces papiers fanés avec une sorte de vénération et les replacer dans la malle, soigneusement attachés avec un ruban qui avait appartenu à Helen, au milieu des vêtements de deuil. Les avait-il retirées plus tard, ou avaient-elles été retirées depuis sa disparition par quelque autre main, voilà ce qui n’était pas facile à savoir ; mais elles n’y étaient plus.

Robert Audley poussa un profond soupir, replaçant les objets un à un dans la caisse vide de la même manière qu’il les avait sortis. Il s’arrêta, le petit amas