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DE LADY AUDLEY

inspecter les serrures des portes, qu’il disait être toutes complètement dérangées. Il affirma qu’il agissait d’après les ordres de M. Audley, qui lui avaient été transmis par une lettre venant du pays où le gentleman passait ses fêtes de Noël. Mistress Maloney, croyant à la véracité de cette déclaration, avait introduit l’ouvrier dans l’appartement, où il était resté environ une demi-heure.

« Mais vous étiez avec lui pendant qu’il examinait les serrures, je suppose ? demanda M. Audley.

— Assurément, j’y étais, monsieur, entrant et sortant, comme vous pouvez penser, tout le temps ; car je devais nettoyer l’escalier cette après-midi, et j’ai saisi l’occasion du moment pendant lequel cet homme travaillait pour commencer ma besogne.

— Oh ! vous entriez et sortiez tout le temps ! Si vous pouviez convenablement me faire une réponse précise, mistress M…, je serais enchanté de savoir quel a été le temps le plus long que vous avez passé dehors pendant que le serrurier était dans mes chambres… »

Mais mistress Maloney ne pouvait donner une réponse positive. Ce pouvait avoir été dix minutes, quoi qu’elle ne pensât pas que ce fût autant ; ce pouvait avoir été un quart d’heure, mais elle était sûre que ce n’était pas plus. Pour elle, cela lui avait semblé être au plus cinq minutes. « Ces escaliers, votre honneur… » et là elle se lança dans une dissertation sur le nettoyage des escaliers en général, et particulièrement des escaliers en dehors des chambres de Robert.

M. Audley poussa un profond soupir de morne résignation.

« Vous n’avez pas réfléchi, mistress M…, dit-il ; le serrurier avait amplement le temps de faire tout ce qu’il pouvait désirer pendant ce temps : certainement vous n’avez pas agi en cela avec beaucoup de prudence. »