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LE SECRET

Elle entra au bout de dix minutes environ, et après avoir exprimé le plaisir que lui causait le retour du maître, elle attendit humblement ses ordres.

« Je vous ai fait venir seulement pour vous demander si quelqu’un est entré ici, c’est-à-dire si quelqu’un s’est adressé à vous pour avoir la clef de mes chambres aujourd’hui… quelque dame ?

— Une dame ? non, vraiment, votre honneur ; il n’est venu aucune dame demander la clef, à moins que votre honneur ne veuille parler du serrurier.

— Le serrurier !

— Oui, le serrurier à qui votre honneur a commandé de venir aujourd’hui.

— J’ai commandé un serrurier ! s’écria Robert. J’ai laissé une bouteille d’eau-de-vie française dans le buffet, pensa-t-il, et mistress M… s’est évidemment mise en gaieté.

— Certainement, et à qui votre honneur a dit d’inspecter les serrures, répliqua mistress Maloney. C’est celui qui demeure dans une des petites rues près du pont, » ajouta-t-elle en faisant une description très-claire de tout ce qui concernait l’homme.

Robert leva ses sourcils dans un muet désespoir.

« Si vous voulez bien vous asseoir et reprendre vos esprits, mistress M…, dit-il, — il abrégeait ainsi son nom en la première lettre, pour éviter une peine inutile, — peut-être pourrons-nous tout à l’heure nous comprendre mutuellement. Vous dites qu’un serrurier est venu ici ?

— Certainement, je l’ai dit, monsieur.

— Aujourd’hui ?

— Parfaitement exact, monsieur. »

Peu à peu M. Audley lui arracha les informations suivantes. Un serrurier était passé chez mistress Maloney cette après-midi, à trois heures, et avait demandé la clef des chambres de M. Audley, afin de pouvoir