Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t1.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
189
DE LADY AUDLEY

mes sentiments envers les autres personnes ne se soient étrangement remplis d’amertume.

— Vous voulez parler de ce M. Talboys qui est parti pour l’Australie ?

— Oui, je veux parler de ce M. Talboys que je vous ai dit être parti pour Liverpool avec le dessein d’aller en Australie.

— Et vous ne croyez pas à son embarquement pour l’Australie ?

— Je n’y crois pas.

— Mais pourquoi pas ?

— Pardonnez-moi, lady Audley, de refuser de répondre à cette question.

— Comme il vous plaira, dit-elle avec insouciance.

— Une semaine après la disparition de mon ami, continua Robert, j’expédiai un avertissement aux journaux de Sydney et de Melbourne, par lequel je le priais, s’il était dans l’une des deux villes lorsque l’avis paraîtrait, de m’écrire et de me faire savoir ce qui le concernait, et je priais aussi quiconque l’aurait rencontré, soit dans les colonies, soit hors des colonies, de me donner quelque renseignement sur son compte. George Talboys a quitté l’Essex ou a disparu de l’Essex dans la journée du 6 septembre dernier. Je dois recevoir une réponse quelconque à cet avertissement vers la fin de ce mois. C’est aujourd’hui le 27 : elle est donc à la veille d’arriver.

— Et si vous ne recevez pas de réponse ? demanda lady Audley.

— Si je ne reçois pas de réponse, je penserai que mes craintes n’ont pas été sans fondement, et je ferai de mon mieux pour agir.

— Qu’entendez-vous par ces paroles ?

— Ah ! lady Audley, vous me rappelez combien je suis inhabile en cette matière. Mon ami peut avoir été assassiné dans cette auberge même, frappé à mort