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DE LADY AUDLEY

ture, devint écarlate jusqu’à la racine de ses beaux cheveux, puis pâle, encore plus pâle que ne l’avait jamais vue mistress Dawson.

« Ma chère enfant, ne vous troublez pas ainsi, dit doucement la femme du chirurgien, vous savez que personne ne vous oblige à épouser sir Michaël si vous ne voulez pas. Ce serait cependant un magnifique mariage ; il a des revenus considérables, et il est le plus généreux des hommes. Votre position serait élevée, et vous pourriez faire beaucoup de bien ; mais, comme je vous le disais, vous devez être complètement guidée par vos propres sentiments. Je dois seulement ajouter que, dans le cas où ses attentions ne vous seraient pas agréables, il serait réellement peu honorable de votre part de les encourager.

— Ses attentions !… l’encourager !… murmura Lucy, comme désorientée par ces paroles. Je vous en prie…, je vous en prie, mistress Dawson, ne me parlez plus ainsi. Je n’ai aucune idée de tout cela, c’est la dernière chose à laquelle j’aurais pensé. »

Elle appuya ses coudes sur la table, et entrelaçant ses mains sur sa figure, elle sembla réfléchir profondément pendant quelques minutes. Elle portait autour du cou un étroit ruban noir qui retenait un médaillon, une croix, ou une miniature peut-être, mais cet objet, quel qu’il fût, restait continuellement caché dans ses vêtements. Une fois ou deux, pendant qu’assise elle réfléchissait en silence, elle retira une de ses mains de devant sa figure, et saisit le ruban avec un mouvement nerveux, le tirant d’un air à demi boudeur, et le tordant en tous sens entre ses doigts.

« Je crois qu’il y a des êtres prédestinés au malheur, mistress Dawson, dit-elle bientôt ; ce serait pour moi une trop grande bonne fortune que de devenir lady Audley. »

Elle prononça ces mots avec un tel accent d’amer-