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DE LADY AUDLEY

à thé, et de la boîte à thé à la bouilloire qui chantait sur la plaque du foyer.

« Voulez-vous jeter mon thé pour moi, mistress Marks ? dit Robert en s’asseyant dans un fauteuil à bras rembourré de crin et recouvert de peau de vache, qui l’enfermait étroitement de tous côtés, comme si on l’avait fait sur sa mesure.

— Vous êtes venu directement du château, monsieur ? dit Phœbé en présentant le sucrier à Robert.

— Oui, il y a seulement une heure que j’ai quitté mon oncle.

— Aussi gai, aussi heureux que jamais ?

— Aussi gai, aussi heureux que jamais. »

Phœbé se retira respectueusement après avoir servi le thé à M. Audley ; mais comme elle s’était arrêtée, la main sur le loquet de la porte, il lui adressa de nouveau la parole :

« Connaissiez-vous lady Audley lorsqu’elle était miss Lucy Graham ? la connaissiez-vous ? demanda-t-il.

— Oui, monsieur. J’habitais dans la maison des Dawson quand milady y était institutrice.

— En vérité ! Resta-t-elle longtemps dans la famille du chirurgien ?

— Une année et demie, monsieur.

— Et elle était venue de Londres ?

— Oui, monsieur.

— Et elle était orpheline, je crois ?

— Oui, monsieur.

— Toujours aussi enjouée que maintenant ?

— Toujours, monsieur. »

Robert vida sa tasse de thé et la tendit à mistress Marks. Leurs yeux se rencontrèrent : — ceux du jeune homme avaient un regard insouciant, ceux de Phœbé un regard perçant et inquisiteur.

« Cette femme ferait bien sur le banc des témoins,