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DE LADY AUDLEY

empêchaient l’air de s’introduire lorsqu’elles étaient ouvertes. La main du démon avait bâti cette solitaire auberge de campagne ; et il n’y avait pas un pouce de charpente ou une truellée de plâtre employés dans toute cette construction rachitique qui ne présentassent un endroit particulièrement faible à chaque assaut de son ennemi infatigable.

Robert jeta les yeux autour de lui avec un léger sourire de résignation.

C’était décidément un changement avec le luxe confortable du château d’Audley, et c’était presque une étrange fantaisie de la part du jeune avocat d’aimer mieux séjourner dans cette triste hôtellerie de village, que de retourner à ses petites et commodes chambres de Fig-Tree Court.

Mais il avait emporté ses lares et ses pénates avec lui sous la forme de sa pipe allemande, de son pot à tabac, d’une demi-douzaine de romans français et de ses deux chiens mal bâtis, ses favoris, qui se tenaient grelottants devant le petit foyer fumeux, jetant de temps en temps des aboiements courts et aigus, manière de réclamer quelque léger réconfortant.

Tandis que M. Robert Audley examinait son nouveau domicile, Phœbé Marks appela un petit garçon du village qui avait l’habitude de courir faire ses commissions, et, le prenant à part dans la cuisine, lui donna un petit billet soigneusement plié et cacheté.

« Tu connais le château d’Audley ?

— Oui, madame.

— Si tu cours jusque-là ce soir avec cette lettre, et si tu réussis à la remettre sûrement entre les mains de lady Audley, je te donnerai un shilling.

— Oui, madame.

— Tu comprends ? Demande à voir milady ; tu ne diras pas que tu as un message, ni un billet, entends-tu ? mais une commission de la part de Phœbé Marks :