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LE SECRET

trouver, et, secouant ses boucles d’or, enfouit sa tête lumineuse dans le sein de son époux.

« Ainsi, le dernier de nos invités est parti, cher, et nous voilà tout seuls, dit-elle, n’est-ce pas vrai ?

— Oui, chérie, répondit-il avec passion en caressant ses beaux cheveux.

— Excepté M. Robert Audley. Combien de temps ce neveu à vous doit-il rester ici ?

— Aussi longtemps qu’il voudra, ma mignonne ; il est toujours le bienvenu, » dit le baronnet ; puis, se reprenant, il ajouta avec tendresse : « À moins, cependant, que sa visite ne vous soit pas agréable, chérie ; à moins que ses habitudes paresseuses, sa fumée, ses chiens, ou quelque chose en lui ne vous déplaise. »

Lady Audley plissa ses lèvres rosées, et fixa le sol d’un air rêveur.

« Ce n’est pas cela, dit-elle en hésitant, M. Audley est un jeune homme très-agréable et un jeune homme très-honorable ; mais vous comprenez, sir Michaël, je suis une bien trop jeune tante pour un tel neveu, et…

— Et quoi, Lucy ? demanda brusquement le baronnet.

— La pauvre Alicia est presque jalouse de quelques attentions que M. Audley a pour moi, et… et… je crois qu’il vaudrait mieux, pour son bonheur, qu’il mît un terme à son séjour ici.

— Il partira ce soir, Lucy, s’écria sir Michaël ; j’ai été un aveugle, un fou, un imprudent de ne pas avoir pensé à cela. Ma délicieuse petite amie, il convenait à peine d’exposer Bob, ce pauvre garçon, à votre puissance fascinatrice. Je le connais pour le garçon le meilleur et le plus loyal qui puisse jamais exister, mais… mais il partira ce soir.

— Mais vous n’avez pas besoin d’être trop brusque, cher, ne soyez pas rude.