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LE SECRET DE LADY AUDLEY

fracas et en criant sur ses ressorts sous l’arceau couvert de lierre. Sir Michaël était partout à la fois, secouant les mains des jeunes sportsmen ; embrassant les jeunes filles aux joues rosées, embrassant même quelquefois les corpulentes matrones qui venaient le remercier de son hospitalité ; partout cordial, hospitalier, généreux, heureux et aimé, le baronnet se précipitait d’appartement en appartement, de l’antichambre aux écuries, des écuries à la cour, de la cour à la porte cochère cintrée, pour assister au départ de ses hôtes.

Les boucles soyeuses de milady jetaient çà et là des reflets passagers, dans ces jours affairés des adieux, comme les feux intermittents d’un soleil. Ses grands yeux bleus avaient un joli regard plein de tristesse, en charmant unisson avec la douce pression de sa petite main, et avec ces mots d’amitié stéréotypés, avec lesquels elle disait à ses invités combien elle était au désespoir de les perdre, et comment elle ne savait ce qu’elle allait devenir jusqu’au jour où ils reviendraient encore animer le château de leur agréable société.

Mais, quelque désespérée que pût être milady de perdre ses invités, il y avait au moins un hôte dont la société ne devait pas lui manquer. Robert Audley ne montrait aucune intention de quitter la maison de son oncle. Il n’avait pas de devoirs professionnels à remplir, disait-il ; Fig-Tree Court était une retraite délicieuse dans la saison chaude, mais c’était un terrible coin, en revanche, où le vent soufflait dans les mois d’hiver, avec tout un cortège de rhumatismes et de grippes. Tout le monde était si bon pour lui au château, que réellement il n’avait aucune envie de s’en aller.

Sir Michaël n’avait qu’une seule réponse à toutes ces raisons :

« Restez, mon cher ami ; restez, mon cher Bob,