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DE LADY AUDLEY

fois, quoiqu’il écrive pour demander si ma jument Atalante est rétablie de son entorse. Il n’a pas des paroles magiques lui, et ne relève pas ses sourcils jusqu’à la racine de ses cheveux, mais il traverserait le feu et l’eau pour la femme qu’il aime, tandis que vous… »

Au moment même où Robert était bien préparé à affronter l’emportement de sa cousine, et où miss Alicia semblait sur le point de diriger sa plus forte attaque contre lui, la jeune fille s’interrompit brusquement et fondit en larmes.

Robert se leva vivement de son fauteuil, culbutant ses chiens sur le tapis.

« Alicia, ma chère Alicia, qu’y a-t-il ?

— Il y a… il y a… il y a que la plume de mon chapeau est entrée dans mes yeux, » dit en sanglotant sa cousine.

Et avant que Robert pût vérifier la vérité de cette assertion, Alicia s’était précipitée hors de l’appartement.

M. Audley se préparait à la suivre, lorsqu’il entendit sa voix dans la cour au-dessous, au milieu des piétinements des chevaux et du tumulte causé par les invités, les chiens et les valets. Sir Harry Towers, le plus aristocratique sportsman du voisinage, venait de prendre son petit pied dans sa main, et elle s’élançait sur sa selle.

« Bonté du ciel ! s’écria Robert observant la joyeuse troupe de cavaliers jusqu’à ce qu’elle eût disparu au-delà de l’arceau, que veut dire tout ceci ?… Qu’elle est ravissante à cheval ! quelle jolie tournure, et quel beau, candide, brun et rose visage ! Mais s’enfuir avec un individu de cette espèce, sans la moindre provocation. Voilà la conséquence de laisser une jeune fille suivre les chasses ! Elle considère toute chose dans la vie comme elle ferait d’un arbre de six pieds