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LE SECRET

chiens courants avant d’entamer un marché, se moquait tout haut de ses deux vilaines bêtes ; l’une d’elles avait suivi Robert Audley à travers Chancery Lane et la moitié de la longueur d’Holborn, tandis que son compagnon avait été enlevé vi et armis par le jeune avocat à un fruitier qui le maltraitait. Et comme Robert, en outre, insistait pour avoir ces deux déplorables animaux sous son fauteuil dans le salon, au grand ennui de milady, qui, comme nous le savons, détestait toute espèce de chiens, les invités du château d’Audley considéraient le neveu du baronnet comme un maniaque d’un caractère inoffensif.

Pendant ses autres visites au château, Robert Audley avait fait une triste figure en se joignant aux parties de plaisir de la joyeuse compagnie. Il avait trotté à travers une demi-douzaine de champs labourés sur un poney paisible de sir Michaël, et, s’arrêtant essoufflé et haletant devant la porte de quelque ferme, il avait exprimé son intention de ne pas suivre davantage la chasse pendant cette matinée. Il avait même été jusqu’à chausser, à grand’peine, une paire de patins, dans le dessein de faire un tour sur la surface glacée du vivier, et était ignominieusement tombé à son premier essai, restant placidement étendu sur la partie inférieure de son dos, jusqu’au moment où les spectateurs crurent convenable de le relever. Il avait occupé le siège de derrière d’un dog-cart pendant une charmante promenade du matin, protestant vigoureusement contre la position d’un homme perché comme sur un pic, et demandant que le véhicule s’arrêtât cinq minutes pour arranger les coussins. Mais cette année il ne montrait aucune inclination pour aucun de ces amusements hors du logis. Il passait son temps entièrement en flâneries dans le salon, se rendant agréable, avec sa nonchalance naturelle, à milady et à Alicia.

Lady Audley recevait les attentions de son neveu de