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DE LADY AUDLEY

retentir le lieu de leurs clameurs continuelles ; des domestiques étrangers étaient entassés dans les combles ; chaque petite fenêtre cachée sous quelque pignon du toit, chaque lucarne de la vieille toiture bizarre brillait dans la nuit d’hiver avec sa lumière séparée, de telle sorte que le voyageur surpris par la nuit, arrivant soudainement au château d’Audley, trompé par les lumières, le bruit et le vacarme du lieu, aurait pu tomber aisément dans l’erreur du jeune Marlowe et prendre le manoir hospitalier pour une bonne auberge de l’ancien temps, comme celles qui ont disparu de la surface de ce pays depuis que la dernière malle-poste et les bidets fringants ont fait leur dernier voyage mélancolique à la maison de l’équarrisseur.

Entre autres invités, M. Robert Audley se rendit dans l’Essex pour la saison des chasses, avec une demi-douzaine de romans français, une caisse de cigares, et trois livres de tabac turc dans son porte-manteau.

Les honnêtes squires de campagne qui parlaient tout le temps du déjeuner de Flying Dutchman et de Voltigeur, de brillantes courses de sept rudes heures de cheval dans trois comtés, et d’une promenade de trente milles à minuit pour rentrer chez soi avec des chevaux de louage pour seule ressource, qui quittaient brusquement la table bien servie la bouche pleine de rosbeef froid, pour examiner soit un paturon, soit une entorse de la jambe de devant, soit le poulain qui revenait de chez le vétérinaire, restaient pétrifiés en voyant M. Robert Audley baguenauder sur une tartine de pain et de marmelade comme une personne complètement incapable de remarquer quoi que ce soit.

Le jeune avocat avait amené deux chiens avec lui, et un gentilhomme campagnard qui avait donné cinquante livres pour un chien d’arrêt et fait un voyage de quelque cent milles pour examiner une paire de