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LE SECRET DE LADY AUDLEY

Il rencontra toute espèce de politesse dans l’employé à qui il s’adressa. Le jeune homme consulta ses livres, et, suivant de haut en bas avec sa plume la liste des passagers qui étaient montés sur le Victoria Regia, dit à Robert qu’il n’y en avait pas un seul parmi eux du nom de George Talboys. Il poussa plus loin ses demandes d’information. Se trouvait-il un passager qui eût fait inscrire ses noms quelques instants avant le départ du bâtiment ?

L’un des autres employés leva la tête de dessus son pupitre à la question faite par Robert.

« Oui, » dit-il.

Il se rappelait un jeune homme qui était entré dans le bureau à trois heures et demie de l’après-midi et qui avait payé sa traversée. Son nom était le dernier sur la liste : Thomas Brown.

Robert Audley haussa les épaules. Il ne pouvait pas y avoir de raison plausible pour que George prît un nom supposé. Il demanda à l’employé qui avait parlé le dernier s’il pouvait se souvenir de la tournure de ce M. Thomas Brown.

« Non, le bureau était encombré en ce moment ; le monde entrait et sortait, et je n’ai fait aucune attention particulière à ce dernier passager. »

Robert les remercia pour leur obligeance, et leur souhaita le bonjour. Comme il allait quitter le bureau, un des jeunes gens le rappela.

« Ah ! à propos, monsieur, dit-il, je me rappelle une circonstance sur ce M. Thomas Brown. Son bras était en écharpe. »

M. Robert Audley n’avait plus rien à faire que de retourner à Londres. Il rentra chez lui à six heures le même soir, complètement harassé une fois encore par ses recherches inutiles.

Mistress Maloney lui apporta son dîner et une pinte de vin d’une taverne du Strand. La soirée était froide